Lily, coq à boches
Propos
Je – coq à boches –
Ni tout à fait un strip-tease, ni tout à fait un viol, mais tout cela à la fois.
Un travail aux frontières du théâtre, une tonte comme strip-tease.
Un strip-tease forain, un carnaval moche.
Des ciseaux de coiffeur et une tondeuse,
Des mèches qui volent, des cheveux qui tombent.
Un crâne rasé qui apparaît, qui suis-je rasé ?
Une femme tondue ? une poule à boches déplumée ?
En juillet 2004, j’ai filmé l’abattage de 10 poules par mon oncle et mes cousins.
Enfants, nous jouions ensemble.
Ici, au moulin.
Aujourd’hui, je filme Alphonse, Emmanuel et Pierrot.
Eux ne jouent pas ;
D’ailleurs nous ne jouons plus ensemble.
La poule est maintenue par les pattes,
Coincée entre les cuisses musclées de celui qui la plume.
Succession de gros plans : plumes, mains, cuisses, poils.
En 2005, lorsque j’ai créé cette performance aux Subsistances, dans les anciennes subsistances militaires, la France fêtait le cinquantième anniversaire de la Libération.
Tondre une fille parce qu’elle a aimé d’amour un ennemi officiel du pays,
Est un absolu et d’horreur et de bêtise.
Marguerite Duras