Chantons !

Création 2024 / 2025
Gilles Pastor

Une ballade musicale à travers les chansons de Jeanne Moreau

Matières textuelles et musicales : Chansons de Jeanne Moreau, textes de Serge Rezvani, Jeanne Moreau, Guillevic et Elsa Triolet, Chico Buarque, Gilles Pastor …

Écriture, mise en scène et scénographie : Gilles Pastor

Avec
Alizée Bingöllü, comédienne et chanteuse
Sylvain Rebut-Minotti, compositeur, musicien et chanteur

Direction musicale et arrangements musicaux : Sylvain Rebut-Minotti
Collaboration artistique : Catherine Bouchetal
Lumière : Yoann Tivoli
Costumes : Clément Vachelard

PRODUCTION (EN COURS)
KastôrAgile

PROPOS / GILLES PASTOR

Ma rencontre avec Jeanne Moreau

Ma rencontre avec Jeanne Moreau, c’est d’abord sa voix ; j’avais l’idée d’enregistrer sa voix pour le rôle du Spectre de Sophocle qui inaugure le long poème dramatique de Pier Paolo Pasolini, Affabulazione.
Le 2 décembre 2013, j’ai rendez-vous dans l’appartement parisien de Jeanne Moreau, je viens la chercher pour la conduire au studio d’enregistrement de La FEMIS.
Sa voix inaugurait le spectacle Affabulation en 2014 au Théâtre National Populaire-TNP de Villeurbanne. Elle réveillait nos mémoires.
Sa voix, surgie de nulle part, désincarnée mais non sans sensualité, annonçait le poids du destin et de la fatalité, elle disait la tragédie.
Depuis cette rencontre et jusqu’à son décès à Paris le 31 juillet 2017, nous discutions régulièrement ensemble, soit lors de mes séjours chez elle à Paris, soit par téléphone, soit par SMS.
Et puis un jour, les SMS et les appels téléphoniques ont cessé.
C’était en avril 2017.
Cette création « CHANTONS ! » que j’écris pour Alizée Bingöllü et pour Sylvain Rebut-Minotti réenchante mes discussions passées avec Jeanne.
Une ballade musicale à travers ses chansons, nos bavardages et nos messages échangés.

Au téléphone, Jeanne me disait :
« Quand est-ce que vous venez me voir à Paris ? … Je ne suis pas éternelle ! »
Bien sûr qu’elle l’est !

Elle avait des yeux, des yeux d’opale,
Qui me fascinaient, qui me fascinaient.
Y avait l’ovale de son visage pâle
De femme fatale qui m’fut fatale
De femme fatale qui m’fut fatale …
Je me suis saoulé en l’écoutant …
Chanson Le Tourbillon de la vie

PROPOS / ALIZÉE BINGÖLLÜ

Lors de la première d’Affabulazione au TNP, j’avais le secret espoir que Jeanne Moreau vienne en personne écouter sa voix introduisant le spectacle de Gilles. À vrai dire, nous attendions tous et toutes sa venue.
Je lui avais concocté pour l’occasion un petit cadeau de première, car nous jouions quand même un peu avec elle tous les soirs, avec sa voix du moins, jusqu’à en connaître les moindres intonations, les moindres hésitations, les moindres respirations…
Je savais par Gilles que Jeanne n’avait jamais rencontré Pier Paolo Pasolini et que c’était un grand regret pour elle, alors je décidais de lui offrir, dans un petit cadre délicieux chiné aux puces du canal, une photo de lui, minuscule, découpée je ne sais plus où.
Je lui mettais le maître sous cadre donc, et j’associais le cadeau à une ridicule mais très sincère lettre d’admiration. Elle ne vint pas ce soir de première. Ni les suivants. Premier lapin.
Bien que me trouvant un peu bêta, j’osais parler de mon présent fanatique raté à Gilles qui me proposa d’être mon Herrmès, car il devait aller voir prochainement Jeanne à Paris, comme à son habitude.
Je lui léguais donc le tout, bien cacheté avec émotion. Il lui offrit le cadeau, elle lut la lettre, en fut touchée, et promit de me répondre. Elle ne le fit jamais. Deuxième lapin. Elle mourut.
Jeanne et moi, je ne veux pas que ce ne soit que l’histoire d’un lapin.
Ce projet de Gilles, c’est comme un cadeau.

Chanson Les Ennuis du Soleil
par Scalde / acapella cover of Jeanne Moreau’s « Les Ennuis du Soleil », taken from her 1968 album « Les Chansons de Clarisse ».
Words by Guillevic & Elsa Triolet.