Requiem pour D.J. – Derek Jarman
Création 2005
Derek Jarman / Gilles Pastor
Photo Magali Fanjat
Création le 15 novembre 2005
aux Subsistances, Lyon [Fr]
Écriture de spectacle et mise en scène Gilles Pastor
Aide à la dramaturgie non exclusivement textuelle (DMDTS)
Traduction : Francis Guinle
D’après l’œuvre de Derek Jarman, cinéaste, peintre et écrivain anglais,
mort du sida 1994
Derek Jarman’s Garden (Ed. Thames&Hudson, traduction de Didier Coltri)
Chroma, a boock of Colour (Éd. L’Éclat, traduction de Jean-Baptiste Mellet)
At Your Own Risk : a Saint’s testament (Vintage)
Modern Nature : The journals of Derek Jarman (Vintage)
Kicking the Pricks – A paperback re-issue of The Last of England (Vintage)
Smiling in Slow Motion – A final volume of his journal (Vintage)
Avec :
Marie-Aude Christianne
Francis Guinle
Valérie Leroux
Mickaël Phelippeau
Mathieu Rouchon
Richard Tisserant
Gérard Torrès
Scénographie : Pierre David
Musique : Gérard Torrès
Vidéo : Bertrand Saugier
Collaboration artistique : Catherine Bouchetal
Costumes : Pascale Robin
Lumières : Yoann Tivoli
Direction technique, régie son : Emmanuel Sauldubois
Photographies : Magali Fanjat
durée : 1H40
Propos
Interview de Gilles Pastor
par Cathy Bouvard, co-directrice des Subsistances, juin 2005
Comment est né ce projet autour de Derek Jarman ?
Il est né de deux choses, j’avais envie de continuer à orienter mon travail sur l’intime, sur le corps, ses défaillances, l’organique et d’autre part de poursuivre ma réflexion sur la mise en scène en tant qu’écriture.
Derek Jarman, le chantre de l’hétérogénéité, a influencé mon travail et mon rapport au théâtre : Aujourd’hui, je cherche une écriture avec l’image-vidéo, la danse, la musique live et des acteurs. Je mets en réseau des gens, de l’humain.
Qu’est-ce qui vous attire en particulier dans son univers ?
Quand il se sait séropositif, son corps lui-même devient moteur de création. Le virus dans la société anglaise contemporaine selon lui est Margaret Thatcher, Premier Ministre du Royaume Uni.
Votre univers semble assez influencé par le cinéma.
Par la vidéo, because it’s cheap ! J’aime cette image à la portée de tous. C’est notre super-8 contemporain, n’importe qui peut se procurer un caméscope miniDV et c’est pour cette raison que l’image vidéo est souvent présente dans mon travail.
J’ai été influencé par deux cinéastes : Hans-Jürgen Syberberg et Derek Jarman qui tous deux ont eu un rapport singulier avec l’image cinématographique et avec le théâtre. Jarman a longtemps filmé en super8 et en vidéo, les images ont été ensuite gonflées, transposées, retravaillées. Syberberg et Jarman sont des témoins culturels fort de leurs pays et composent des images comme on compose des tableaux, la narration étant totalement éclatée.
Au-delà de cette dimension esthétique, qu’en est-il de l’homme Jarman ?
C’est un poète, un véritable excentrique, une voix politique et militante, un artiste queer. Aujourd’hui, plus de 20 ans après l’arrivée du virus, il y a de l’épuisement. Deux films de Jarman me fascinent : Jubilee et The last of England. The Last of England date de 1987. Nous sommes en plein thatchérisme. Ce sont les derniers jours de l’Angleterre. Le virus Thatcher est en marche et Jarman se sait malade depuis 1986. Jarman filme les derniers jours d’un condamné à mort, la dernière cigarette consumée. Ce film n’est pas sans issue : il est politique.
Comment définissez-vous vos liens à l’autofiction ou à l’autobiographie ?
Je suis allé à Dungeness, dans la maison de Derek Jarman, j’ai rencontré Keith Collins, son ami et collaborateur. Dans mon travail, c’est la distance qu’il y a entre Jarman et moi qui est importante, c’est notre éloignement, c’est l’histoire de cette maison que je visite et traverse avec son ami dix ans après sa mort, c’est l’histoire d’une quête, un voyage entre Eden et Gethsémani.
Et vos liens à vous avec cette intimité sur scène?
Fermez vos yeux, Monsieur Pastor était un mélange de matériau, qui avait trait à mon intimité. J’aime cette violence là, faire ressurgir le corps. Dans Fermez vos yeux j’avais une extrême liberté, car c’était ma réalité : celle de l’épileptique, de la convulsion et de la mort de mon père !
Ici, ce n’est pas autobiographique, je ne suis pas malade. Mais choisir de parler de Derek Jarman, c’est raconter aujourd’hui l’histoire du corps qui s’abîme à travers le virus HIV. Un spectacle vivant qui se nourrit d’un poète décédé, ou d’une génération pétrifiée, vieillie prématurément.
Production
KastôrAgile
Gilles Pastor / KastôrAgile en résidence aux Subsistances, Lyon
Les Subsistances, Laboratoire Internationale de création artistique, Lyon
Malraux, Scène Nationale de Chambéry-Savoie
Avec le soutien de The Estate of Derek Jarman (Uk),
Keith Collins et Tony Peake
Représentations
le 22 novembre 2005
Festival Art’Tension
Espace Malraux, scène nationale
Chambéry [Fr]
du 15 au 19 novembre 2005
Les Subsistances
Lyon [Fr]