Jules et Jeanne et Jiles

Jules et Jeanne et Jiles

Création (reportée)
François Truffaut / Gilles Pastor

Écriture en cours

Texte, mise en scène et scénographie : Gilles Pastor

Matériaux (matières textuelles et sonores) :
Jules et Jim (1963), film de François Truffaut, scénario de François Truffaut et Jean Gruault, Jules et Jim (1953) roman d’Henri-Pierre Roché
Pier Paolo Pasolini, Sophocle, Jeanne Moreau …

Avec : Alizée Bingöllü et Jean-Philippe Salério
et la voix de Jeanne Moreau

Assistante à la mise en scène : Catherine Bouchetal
Lumière : Yoann Tivoli
Musique : Sylvain Rebut-Minotti

Écrire la voix / Gilles Pastor

Un premier chantier de travail au plateau a eu lieu en mars 2020 à Lyon à la Villa Gillet avec l’équipe de création, stoppé par le confinement et la crise sanitaire. Ce travail s’est poursuivi pour la présentation d’une maquette en juin 2020 au Prix Célest’1 aux Célestins, Théâtre de Lyon.
L’écriture est en cours et se modifie avec des titres provisoires : Hung Up, La maman était en noir …

Au téléphone, Jeanne me disait :
« Quand est-ce que vous venez me voir à Paris ? … Je ne suis pas éternelle ! »
Bien sûr qu’elle l’est !
Sa voix est l’origine de ce projet d’écriture.
Sa voix enregistrée comme une trace, comme une compagne.
C’est en tout cas mon moteur d’écriture.
C’est aussi un rêve de cinéma.
Un cinéma construit seulement avec le texte et avec le son.
Un cinéma sans image.
J’ai rencontré Jeanne Moreau en 2013,
elle avait accepté d’enregistrer sa voix – la voix du Spectre de Sophocle – pour le spectacle Affabulazione  de Pier Paolo Pasolini créé en novembre 2014 au TNP de Villeurbanne.
Mon premier contact avec elle a été téléphonique. Et c’est également cette voix au téléphone qui nous reliait de Paris à Lyon entre 2014 et 2017.
Pendant cette période, je venais chez elle, régulièrement.
Ces rendez-vous étaient devenus un rituel, nous discutions dans son salon, nous prenions le temps. Alors une amitié profonde est née.
Sa disparition, le 31 juillet 2017, a arrêté brutalement mes allers-retours en TGV.
La mort rôde dans tous mes spectacles …
Dès lors, sa voix me revenait souvent. Puis je me suis rendu compte que mon opérateur téléphonique m’avait envoyé par mail, en fichier audio, tous les messages vocaux qui m’étaient adressé. La trace de nos rencontres était là, tendre et violente. Sa voix devenait une matière sonore. Cette écriture était déjà en marche. J’ai alors revu toute sa filmographie afin d’avoir accès à la Jeanne Moreau, divinité du cinéma, loin de celle qui m’ouvrait la porte de son salon. Jules et Jim, le film de François Truffaut, s’est imposé comme ma trame d’écriture. Ce film  me raconte une histoire de vies, d’amours et de mort. L’histoire de ce trio est pour moi un rêve d’amour.
J’utilise tous ces entrelacs : le film, le scénario, le roman, l’actrice Jeanne Moreau, la femme, mes amours et moi, au milieu, comme dans un tourbillon. Mon travail d’écriture au théâtre est toujours lié à une mémoire, une trace sentimentale.
Aujourd’hui, je me promène dans l’architecture sonore de ces archives, pour poursuivre avec jeanne le fil de nos conversations. Pier Paolo Pasolini, Xavier Dolan et Max Ophüls, eux aussi, accompagnent mon travail d’écriture d’amours imaginaires.