Tempête à 54° Nord | Propos

Tempête à 54° Nord

Propos

LE PROJET TEMPÊTE(S) / 2008 – 2009
Par Gilles Pastor

Tempête à 54°Nord / Treize Degrés Sud
Une écriture de spectacle autour du naufrage, des songes et de l’endormissement,
d’après La Tempête de William Shakespeare.
Une histoire de voyages.
Un syncrétisme entre le désert du Kent et Bahia.

Dans la pièce de Shakespeare, tout commence par une tempête, et il s’avère que cette tempête, ce phénomène que l’on croit naturel, est en fait le produit d’une manipulation, d’une manigance magique. Une tempête orchestrée par un magicien, duc de Milan, nommé Prospéro. L’île est en crise. Le naufrage est inaugural.

Tempête à 54°Nord / 2008
Derek Jarman, cinéaste anglais, véritable sorcier blanc, mort du sida en 1994, s’est battu à Dungeness (Kent, UK / 54°Nord) contre les vents marins pour faire pousser un jardin à l’heure où son corps s’étiolait.
« Par un hasard étrange, la Fortune m’a jeté dans ce jardin, près d’une centrale nucléaire qui scintille la nuit comme un paquebot. »
Les frontières vacillent et les films de Jarman croisent les créatures de Shakespeare.
Le désert du Kent à la latitude 54°Nord est l’île de Prospéro.
Mercredi 9 août 2006, je me rends au Cap de Dungeness. Dans le train je me demande si je ne vais pas réveiller le mort ou si je veux réveiller le mort. Pendant dix jours, je vis à Prospect Cottage, le cottage de pêcheur de Derek Jarman. On peut traduire Prospect Cottage par Bellevue. J’ai dormi dans le lit du cinéaste Derek Jarman, j’ai dormi dans le lit d’un mort.
Prospect Cottage m’a perturbé. Est-ce la proximité de la centrale? Ou les radiations de Derek Jarman?
Le désert du Kent s’est emparé de moi. Je me suis approché de la bâtisse laquée noir aux fenêtres jaune canari.
Je suis seul dans le temple de mon idole. J’ai la nausée.